Les écrits en créole datent dès la fin du XVIIe siècle à nos jours. On peut les classer dans trois grands champs transversaux : les textes à vocation religieuse, ceux de motivations politiques, et les littéraires.
Les missionnaires furent parmi les premiers à proposer une graphie accompagnée d’un abrégé de grammaire. Rien d’étrange à cela, les évéchés encourageaient l’évangélisation dans la langue des natifs d’une région. L’Abbé Goux en est un des précurseurs avec son Catéchisme en langue Créole, précédé d’un essai de grammaire sur l’idiome usité dans les colonies françaises.
D’autres intellectuels y apportèrent leur pierre : le linguiste Guyanais, Auguste de Saint Quentin, selon le linguiste universitaire Lambert Félix Prudent, en est un des plus illustres avec son Etude sur la grammaire du créole, proposée et développée par Alfred de Saint Quentin dans son oeuvre Introduction à l’histoire de Cayenne, imprimé en 1872 à Antibes, par J. Marchand, Libraire-Editeur.
Plus tard, au XXe siècle, il faut souligner le travail accompli entre 1967 et 1986 par l’Office National d’Alphabétisation et d’Action Communautaire (O.N.A.A.C) en Haïti pour améliorer le niveau d’alphabétisation en créole des Haïtiens.
Enfin, la grahie moderne que nous vous proposons, inspirée de l’expérience de celle de ses prédésesseurs, est l’œuvre du Groupe d’Etude et de Recherche en Espace Créolophone (G.E.R.E.C.). Elle a été initiée et élaborée en 1978, par le Linguiste martiniquais Jean Bernabé, cofondateur de Bannzil Kréyòl en 1975. Il en publiera une œuvre monumentale en trois volumes Fondal Natal, grammaire basilectale approchée des créoles guadeloupéen et martiniquais : approche sociolittéraire, sociolinguistique et syntaxique, aux éditions L’Harmattan en 1992. Cette graphie a fait l’objet de réformes diverses. Le standard 1 est encore utilisé par la plupart des territoires créolophones, en particulier dans la zone Caraïbe (ex : Guadeloupe). Le standard 2, proposé en 2001, suite à l’introduction du CAPES Créole en France, est utilisée par les martiniquais et le linguiste Guadeloupéen Robert Fontes. C’est aussi en cette même année 2001 que le GEREC devient GEREC-F, F pour Francophonie, notamment pour l’élargissement des champs d’investigation. Un standard 3 est en court de proposition, mais il est l’objet de bien des réticences et oppositions. Nous y reviendrons prochainement.
Tony Mango